Comprendre les traumatismes : parlons du « trauma »
Lorsqu’un événement potentiellement traumatisant à lieu dans notre vie, il peut provoquer ce que l’on nomme trouble du stress post-traumatique. Cet événement bouleverse le quotidien, l’équilibre émotionnel et la relation que vous pouvez entretenir avec l’environnement extérieur.
Le psychotraumatisme, également nommé Trouble du Stress Post-Traumatique (TSPT ou ESPT) est un sujet abordé en psychologie pour décrire les conséquences d’un traumatisme.
1. Mais qu'est-ce qu'un traumatisme exactement ?
C’est l’ensemble des troubles psychiques immédiats, post-immédiat puis chroniques se développant chez une personne après un événement traumatique ayant menacé son intégrité psychique. Il va s’agir d’un événement, à un temps T, pouvant être traumatisant pour une personne, sans pour autant l’être pour une autre (cela va dépendre de nombreux facteurs comme l’histoire personnelle, la réaction corporelle, l’environnement. Ajouter à cela, l’intensité de l’événement, son intentionnalité et sa répétition).
Parmi les victimes potentielles de traumatismes, on peut retrouver les victimes directes, témoins, acteurs ou encore victimes indirectes par la proximité émotionnelle avec l’individu concerné par exemple.
« C’est un événement qui constitue une menace pour la vie (mort réelle ou possible) ou même celle qu’on s’est imaginée. L’intégrité physique (lésions corporelles) et/ou l’intégrité morale (honneur, droits fondamentaux, etc.), d’une personne ou d’un groupe de personnes est mise à mal. Cette confrontation produit une peur intense et/ou un sentiment d’impuissance et/ou d’horreur et/ou de honte et remet en cause les valeurs essentielles de l’existence » (Evelyne Josse, « Le traumatisme psychique »).
2. Le trouble du stress post-traumatique: un impact au quotidien
Les troubles consécutifs à un traumatisme peuvent durer de quelques jours, à quelques mois, voire des années si une prise en charge adaptée n’est pas engagée. Les souffrances psychiques vont influencer la vie au quotidien avec par exemple des comportements d’évitement, des attitudes de retrait ou encore de l’hyper vigilance (tentative de contrôle de l’environnement, exemple : les phobies). Le TSPT se caractérise également par un syndrome de répétition obligeant l’individu à revivre l’événement traumatisant de manière identique et répétée
Les individus peuvent chercher à se confronter aux souvenirs traumatisants en adoptant des conduites à risque ou au contraire de s’y soustraire par l’utilisation de substances. Ces retentissements sont des symptômes de la présence d’un trouble du stress post-traumatique.
Il est important de noter que les traumatismes précoces (à un jeune âge) et répétitifs, peuvent être des facteurs de risques pour les troubles neuro-développementaux et psychopathologiques à l’adolescence et à l’âge adulte (abus de substances, troubles des conduites, anxiétés, dépressions, trouble de l’identité, etc.).
Il va être primordial dans la prise en charge, de pouvoir repérer quels types de traumatisme affectent le quotidien de l’individu. Après un événement, si les symptômes sont présents jusqu’à trois mois après l’événement, on parle de traumatisme simple, au-delà de 6 mois, on parle de traumatisme complexe. La prise en charge sera différente selon le type de traumatisme auquel l’individu est confronté mais nous ne les détaillerons pas dans cet article.
3. Mais alors, que se passe-t-il dans notre cerveau lors d'un traumatisme ? Le mécanisme fascinant du cerveau humain
Notre cerveau joue un rôle crucial dans la gestion de nos émotions et de nos souvenirs. En particulier grâce à une région appelée le système limbique, au centre duquel se trouve l’amygdale. Celle-ci joue un rôle majeur dans l’expression de nos réponses émotionnelles conscientes et inconscientes. L’amygdale va attribuer une valeur émotionnelle à chaque événement que nous vivons et agit comme une alarme en cas de danger, en déclenchant la libération d’hormones de stress.
Les deux autres acteurs clés de ce système sont l’hippocampe et le cortex. Ils ont pour rôle de transformer les événements vécus en souvenirs autobiographiques. L’hippocampe encode la mémoire épisodique enregistrant les détails sensoriels de notre environnement et les associant au contexte de chaque événement.
Les réactions du cerveau face à la peur
Face à un stress "normal"
Lorsque nous sommes confrontés à une situation effrayante, nos sens captent un stimulus, comme le bruit d’un objet tombant au sol. Cette information parvient au cerveau via deux chemins : une voie courte et directe (amygdale) ainsi qu’une voie plus longue (hippocampe + cortex).
L’amygdale s’active par la voie courte et nous prépare à un danger potentiel, et ce, avant même que nous ne sachions exactement ce qu’il se passe (« est-ce un cambrioleur ? » « Un vase tombé ? »). Elle va déclencher nos réactions de fuite ou de combat par la sécrétion d’hormones (cortisol et catécholamines).
Durant ce temps, les informations passent également par la voie longue, le cortex analyse la situation en détail («est-ce que ce bruit m’est familier ?») ce qui permet de moduler et d’atténuer la réponse émotionnelle de l’amygdale. Lorsque le stress se dissipe, l’information est encodée dans l’hippocampe comme un souvenir explicite et conscient, créant ainsi un nouvel apprentissage.
Face à un stress excessif (événement potentiellement traumatisant)
Dans des situations de stress courantes, ces mécanismes fonctionnent efficacement. Cependant, lorsqu’un événement est excessivement stressant, l’amygdale reste hyperactive, elle n’est pas atténuée par l’information que le cortex pourrait lui envoyer. Elle va donc sécréter de manière intensive les hormones de stress, qui deviennent alors toxiques pour l’organisme (possibilité d’infarctus ou de conséquences neuro-développementales).
Pour protéger notre corps de cette toxicité, des mécanismes de défenses se mettent en place par la libération d’hormones, les endorphines, antagonistes aux récepteurs NMDA qui vont déconnecter l’amygdale du reste du système limbique, comme dans un circuit électrique, où le disjoncteur agit en coupant l’électricité pour éviter tout dommage.
Cet arrêt de communication entre l’amygdale et le système limbique aura pour conséquence une sidération psychique (avec une analgésie physique et psychique). On peut la décrire comme un état de stupeur émotionnelle, l’individu reste figé, paralysé avec l’impression de se retrouver hors de son corps, en dehors de la réalité du moment. Il est dans un débordement émotionnel.
S’en suit une situation de dissociation ponctuelle péri-traumatique. Les victimes vont pouvoir décrire :
Une déréalisation
C’est l’irréalité de la situation, un sentiment de cauchemar éveillé.
Une dépersonnalisation
C’est l’impression d’être spectateur de ce qui se passe; comme un dédoublement de soi.
Ce qui explique les narrations fragmentées de l’événement (Les dates ; heures ; le déroulement de l’événement, ne sont pas exactes, tout est morcelé et manque de continuité).
Une non présentification
c’est la perte des repères spatio-temporaux.
Le circuit du stress et de l'événement potentiellement traumatisant:
Les répercussions d'un trouble du stress post traumatique
Suivant l’intensité de ces deux mécanismes, une amnésie partielle ou totale des événements traumatiques peut être présente. Il pourra subsister des images, émotions, ressentis parcellaires, qui vont pouvoir se manifester au travers des reviviscences (Ex : cauchemars ; flash-backs).
Comprendre comment notre cerveau réagit au stress est essentiel pour mieux gérer nos émotions et nos souvenirs. C’est une preuve de la complexité et de la résilience dont on peut faire preuve en tant qu’individu face aux situations difficiles que nous rencontrons dans la vie. C’est pourquoi il paraît essentiel de se rapprocher de professionnels proposant une prise en charge spécifique et adaptée au vu des difficultés que l’individu va pouvoir manifester.
Pour plus d’informations ou prise de rendez-vous, n’hésitez pas à me contacter